Maki Matsuoka 松岡真樹
24 mars 2023Minoru Kaneko 金子稔
8 mai 2023J’adore voyager. C’est facile d’aller partout depuis la France. En train ou en voiture, la terre continue jusqu'en Russie.
Je m’appelle Fuki Fujie, je suis violoniste co-solo à l’Orchestre National du Capitole de Toulouse. Je viens d’Osaka dans le Kansai.
J’ai commencé la musique très jeune, à trois ans pour le piano et à quatre ans pour le violon. J’ai continué à jouer des deux instruments quelques années et puis j’ai préféré le violon.
J’ai grandi dans une famille qui aime la musique, ma mère donnait des cours de piano avant ma naissance et mon père était mélomane. Chez nous, il y avait deux pianos et plein de disques vinyles.
C’est grâce à mes parents que j’ai découvert le violon. La mère d’une amie de ma sœur cherchait des élèves afin de constituer un groupe. Elle les a contactés, il restait deux places alors ils nous ont inscrites, ma soeur et moi. J’ai commencé et ça m’a plu.
J’ai pris des cours privés jusqu’à mes dix huit ans, puis je suis partie étudier à la Geidai University de Tokyo (l’université des arts de Tokyo).
Le lendemain de ma remise de diplôme, je suis allée en stage à Kyoto avec le violoniste Olivier Charlier, il est un super musicien et un très bon professeur. A la fin du stage, je lui ai dit “Je vous suis”.
Il m’a donné les informations pour faire mon master au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris.
Il faut dire que j’aimais beaucoup la musique classique française.
J’ai appris le français quelques semaines avant d’arriver à Paris à l’automne 2013. Sur les conseils d’Olivier Charlier, j’ai intégré la Schola Cantorum, une école de musique privée. En même temps, je prenais des cours de français et des cours privés de violon avec lui, pour me préparer au concours d'entrée du Conservatoire, car je devais être capable d'écrire mon mémoire en français.
J’ai passé deux années au Conservatoire puis je suis rentrée au Japon. J’ai un peu travaillé puis j’ai décidé de revenir en France. J’ai cherché sur les sites de recrutement de musiciens, et j’ai trouvé une annonce pour l’Orchestre du Capitole de Toulouse.
Je connaissais cet orchestre, alors dirigé par Tugan Sokhiev, car j’étais allée l’écouter durant mes études à Paris. C’était un concert magnifique.
J’ai répondu à l’annonce sans hésiter, j’ai passé l’audition et j’ai été prise. J’ai travaillé quatre années avec Tugan, j'ai appris beaucoup de choses de lui, c’était un grand honneur pour moi. Il est malheureusement parti à cause de la guerre en Ukraine.
J’étais déjà venue en France pour des vacances, mais je ne me rappelais pas que l’air était aussi sec. C’est ce qui m’a le plus surpris au début, car j’y suis très sensible. L’humidité, ce n’est pas bon pour le violon. Ici en France, il sonne très bien.
J’étais aussi étonnée de voir les gens traverser aux feux rouges, c’est impossible de faire ça au Japon, il y a toujours quelqu’un pour vous rappeler à l’ordre ou même, appeler la police.
La façon de s’habiller des gens m’a également interpellée, très simple et très élégante, sans tous les accessoires et bijoux comme on voit dans mon pays.
Chaque jour que je passe en France est un bon souvenir.Le dimanche, j’aime aller au marché Saint Aubin. Depuis peu, il y a une Japonaise qui fait du pain comme au Japon, je lui achète du pain de mie bien moelleux et des melon pan.
J’adore voyager. C’est facile d’aller partout depuis la France. En train ou en voiture, la terre continue jusqu'en Russie. De la fenêtre, on peut voir les paysages changer, on est très vite à la campagne une fois sorti de la ville.
J’ai la chance de partir régulièrement en tournée avec l’orchestre. En Europe, aux Etats-Unis, en Asie, au Japon.
Il y a un grand nombre de grandes salles de concert dans mon pays, j’ai joué trois fois à Tokyo, à Hyogo, ainsi qu’à Fukui. Ma famille est venue m’écouter, j’étais très fière. J’ai même joué au Maraya en Arabie Saoudite, c’est un auditorium tout en miroirs, construit en plein désert, au milieu des chameaux.
Je viens d’emménager dans l’appartement que nous avons acheté avec Minoru, mon fiancé. Nous pensons prendre un chien shiba à l’automne. D’ici là, nous allons lui construire sa niche dans un coin du séjour.
J’aimerais reprendre les concerts en solo et la musique de chambre, en plus de mon travail à l’orchestre. Grâce à mon expérience au Japon, j’ai des amis un peu partout dans le monde avec qui je voudrais jouer, même si je préfèrerais le faire à Toulouse. Il me faudrait plus de temps pour y arriver.
Les onsen et ma famille me manquent, ainsi que les yakiniku.
Retourner au Japon. Pourquoi pas ? Je peux travailler ici jusqu’à soixante trois ans, alors j’ai le temps. Et si je peux, c’est l’ambiance familiale au travail que j’emporterai dans mes bagages.